Je suis Engleberthe. J’ai quitté le Burundi en avril 2019 en laissant derrière moi mon mari et mes 5 filles de 17, 15, 15, 13 et 10 ans.
Je suis partie à cause de conflits politiques. Je suis tutsi, et c’est difficile de vivre dans ce pays quand on ne fait pas partie du parti au pouvoir. J’ai quitté le pays en avion. J’ai fait croire que je partais dans un autre pays pour me faire soigner. J’étais obligé de mentir sinon, on ne m’aurait jamais laissée partir et on m’aurait dénoncée. Ma famille a dû rester au Burundi car le voyage aurait couté beaucoup trop cher si on partait tous ensemble.
Je suis arrivée en Belgique le 15 avril 2019. Ma sœur vit à Liège, j’ai pu y passer 4 jours. Je me suis ensuite rendue à l’Office des étrangers pour demander l’asile. Ils m’ont fourni tout le nécessaire, m’ont fait des vaccins et m’ont donné un itinéraire à suivre pour aller au centre d’accueil des réfugiés de Gouvy. J’y suis restée deux mois. C’est loin de Liège. Il faisait tellement froid là-bas ! Même l’été. Je pleurais beaucoup car mes filles me manquaient énormément. On s’occupait bien de nous, j’ai été suivie médicalement et le médecin m’a ordonnée de faire régime. Je ne savais pas que ce que je mangeais au Burundi était mauvais pour ma santé. J’ai passé deux interviews durant mon séjour au centre. J’ai reçu une réponse positive pour mon statut de réfugiée le 16 décembre 2019. C’était un grand soulagement pour moi ! A ma sortie du centre, il a fallu que je trouve un logement et ça a été très compliqué. Il y a beaucoup d’obstacles.
J’ai, ensuite, commencé les procédures pour le regroupement familial, car je souhaite faire revenir ma famille auprès de moi. Je manque beaucoup à mes filles, elles pleurent quand elles me voient en appel vidéo. Elles me demandent sans cesse « Tu n’es toujours pas guérie ? ». J’ai malheureusement dû leur mentir aussi sur les raisons de mon départ car elles n’auraient pas compris.
Tout s’est bien passé depuis mon arrivée ici, j’aime la Belgique et les belges. J’espère que ma famille pourra me rejoindre et faire sa vie ici.
En collaboration avec SAM asbl et l’asbl AJS Tal-Lafi.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles